Comment mieux encadrer le jeu ?
Combien de matchs de
football se déroulent sans erreurs d’arbitrage ?
Combien se passent
sans contestation des décisions des arbitres ?
Combien d’émissions
de télévision, de débats radiophoniques ou d’articles dans les médias sont
consacrés à commenter ces décisions et à discuter des avantages et
inconvénients du VAR (Arbitrage avec Assistance Vidéo) ?
Depuis que le
football existe et, plus encore, depuis qu’il est scruté sous toutes ses
coutures par les médias, l’arbitrage est au centre des discussions, bien plus
que les choix tactiques d’un entraîneur par exemple. Le rôle de l’arbitre est
en effet crucial : dans un sport où les buts sont rares, une simple erreur peut
avoir des conséquences énormes sur l’issue d’un match. Ce n’est pas aussi
marqué dans d’autres disciplines, comme le basket-ball, où un panier refusé de
2 ou 3 points aura un impact moindre sur un score final qui dépasse souvent les
100 points.
La pression sur les
acteurs du football, qu’il s’agisse des joueurs, des entraîneurs, des
dirigeants ou des arbitres, ne cesse de croître. On peut légitimement
s’interroger sur les effets de cette pression sur leur santé mentale.
Cependant, cette pression justifie-t-elle les dérives de plus en plus
fréquentes, qu’il s’agisse de violence verbale ou physique ?
À cet égard, il est
intéressant de comparer le football avec le rugby, ce sport dans lequel la
contestation des décisions arbitrales est strictement encadrée. Seul le
capitaine d’une équipe est autorisé à échanger avec l’arbitre et doit le faire
de manière respectueuse sous peine d’expulsion temporaire ou d’une sanction
pour son équipe. Il est envisagé d’introduire cette « règle du capitaine » dans
le football, et cela semble être une bonne évolution. De même, est-il prévu de
mieux faire appliquer certaines règles déjà en vigueur, comme celle qui limite
à six secondes le temps pendant lequel un gardien peut conserver le ballon en
main, mais qui est rarement sanctionnée.
Ces évolutions sont
dans l’air du temps, et il est encourageant de voir que l’IFAB et la FIFA
réfléchissent à des réformes pour améliorer la qualité du jeu et du spectacle.
Cependant, ces changements ne porteront leurs fruits que s’ils sont réellement
appliqués. Ils nécessitent aussi des investissements dans la formation des
arbitres et dans l’éducation des jeunes joueurs sur le respect des décisions
arbitrales.
En guise de
conclusion, il est intéressant de citer l’édito de Vincent Duluc, publié cette
semaine dans le quotidien français « L’Équipe », qui résume bien la situation
actuelle de l’arbitrage en Ligue 1 :
« Alors, plutôt que
le spectacle navrant de la cacophonie en ligne des présidents au moment de la
redistribution des recettes de la buvette, du “tout pour ma gueule” éternel et
de l’absence absolue du moindre sens de l’intérêt général, il serait temps, sur
l’attitude vis-à-vis de l’arbitrage comme sur quelques autres sujets, que le
football professionnel de ce pays soit remis en ordre par un pouvoir fort,
porté par une voix majeure, raisonnable et responsable. »
Il
est urgent que le football prenne ses responsabilités et adopte des mesures
claires et efficaces pour redonner au football une autre image.
Benoît
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