Notre succès : le travail et l’état d’esprit

Interview Bilan TRAORÉ Siaka (Gigi), entraîneur de l’équipe féminine de l’ASEC Mimosas

Championne de Côte d'Ivoire 2024-2025 après une saison pleine de maîtrise et d’abnégation, l’équipe féminine de l’ASEC Mimosas a su s’imposer comme la référence nationale. À la tête de ce succès, l’entraîneur TRAORÉ Siaka « Gigi », dresse ici le bilan d’une saison riche en émotions, en progrès et en enseignements. Il se projette sur les axes de progression, la dynamique du groupe et les perspectives à venir.

Quels sont, selon vous, les éléments clés qui ont permis de remporter le championnat de D1 féminine ?

Avant tout, c’est le travail. La saison a débuté par une belle préparation physique et tactique, entamée sur des plages de Bassam et achevée à Sol Béni. On a travaillé dur pendant près de six semaines. Cette préparation rigoureuse a été, à mes yeux, le fondement de notre réussite cette saison.

 

Sur les 26 matchs disputés, quelle a été la rencontre la plus marquante ?

Trois matchs me reviennent en tête. D’abord, la 1ère journée face à l’Inter FC, l’équipe championne en titre, à Bouaké. Ce fut un test d’entrée, difficile, mais que nous avons remporté. Ensuite, le match contre Sékala Sport où, malgré un but encaissé et une expulsion, les filles ont renversé le score pour l’emporter (2–1). Enfin, la rencontre contre l’Atlético, perdue 1–0 au Lycée Classique d’Abidjan. Ces matchs ont marqué la saison par leur intensité et les leçons à retenir.

 

Quels aspects du jeu collectif souhaitez-vous encore améliorer ?

La conservation du ballon, notamment lors des transitions après récupération. Il faut apprendre à mieux garder le ballon et se projeter rapidement vers l’avant. Cet aspect reste perfectible, et nous devons y consacrer plus de temps.

 

Comment jugez-vous l’évolution individuelle de vos joueuses cette saison ?

Je constate une nette progression, tant sur le plan technico-tactique que dans la gestion des matchs. Et le plus encourageant, c’est qu'elles ont encore une belle marge de progression. Nous avons une base solide pour continuer à nous dévélopper.

 

Quelles joueuses se sont révélées ou ont surpassé vos attentes ?

Elles ont toutes progressé, mais je veux souligner l’exemplarité de notre capitaine, GNOUNOUÉ Erika. À un moment, elle avait perdu sa place de titulaire, mais elle n’a jamais baissé les bras. Elle a travaillé dur, pour revenir à son meilleur niveau, et a réintégré l’équipe avec brio. Son courage mérite d’être salué.

 

Comment avez-vous géré la concurrence et la motivation au sein du groupe ?

La concurrence a été saine. Les joueuses savaient que seules les plus méritantes joueraient. Cela a renforcé l’émulation et tiré le groupe vers le haut.

 

Avez-vous adapté votre approche d’entraîneur après avoir dirigé des équipes masculines ?

Au départ, j’étais un peu perdu. Devais-je appliquer les méthodes masculines ou celles d’un centre de formation ? Finalement, j’ai trouvé le juste équilibre entre les deux : formation et préparation à la compétition. Les débuts n’ont pas été simples, mais grâce au soutien de mon staff, nous avons pu construire un bon cadre de travail. Après la première saison terminée à la 2e place, j’ai sollicité l’avis des filles. Elles ont trouvé que les charges de travail étaient trop légères. On a alors musclé les séances, à l’image des garçons. Elles ont adhéré, et les résultats ont suivi. Nous sommes champions aujourd’hui.

 

Quelle a été votre plus grande fierté ?

L’état d’esprit collectif et l’engagement individuel de chaque joueuse. Travailler avec ce groupe a été un vrai plaisir.

 

Comment décririez-vous votre relation avec les joueuses ?

Au départ, j’étais plutôt méfiant. Mais au fil du temps, un respect mutuel s’est instauré. Elles restent un peu timides en ma présence, ce qui me gêne un peu, mais cela témoigne aussi de leur rigueur et de leur envie de bien faire.

 

Quels sont les renforts à envisager pour consolider l’équipe ?

Tous les compartiments méritent d’être renforcés. Il nous faut notamment des joueuses ayant une expérience du haut niveau africain pour progresser dans les compétitions continentales.

 

Un dernier mot ?

Je remercie chaleureusement les Actionnaires. Ils nous ont soutenus depuis la saison dernière, toujours présents, même lors des déplacements. Cette victoire est aussi la leur. Et que dire de notre présidente ? J’ai travaillé dans plusieurs clubs, mais j’ai rarement vu une dirigeante aussi engagée, disponible et attachée à son équipe. Elle est sur la bonne voie, et cette consécration lui revient également.