Qui a gagné la Coupe du Monde ?
La réponse à cette question semble évidente et il fut difficile,
sauf à habiter sur une île déserte coupée du Monde, d’échapper au sacre
argentin lors de cette compétition disputée au Qatar cette année. Cependant, si
une seule nation a soulevé le trophée tant convoité sous le ciel de Doha, les
compagnons de Lionel MESSI ne furent pas les seuls à retourner chez eux avec le
sentiment du devoir accompli ! Un seul champion certes mais plusieurs
vainqueurs !
Ainsi peut-on citer pêle-mêle l’Arabie Saoudite, seule équipe à
avoir battu le futur champion, et aussi le Japon, la Corée du Sud et bien sûr
le Maroc, premier pays africain à atteindre le stade des ½ finales. Que dire du
Qatar malgré ses 3 défaites en 3 matchs ? La qualité de l’organisation
proposée améliorera certainement l’image de ce micro-état gazier, objectif
initial de ses dirigeants en faisant à coup sûr l’un des grands gagnants de
cette épreuve.
Que peut-on dire du parcours du finaliste malheureux ? Sort-il
gagnant ou perdant de ce mois qatari ? Dépossédé de son titre, triste d’avoir
échoué si près du but mais ayant offert un spectacle qui a fait vibrer le monde
entier lors d’une finale mémorable au scénario digne d’un roman d’Alfred HITCHCOCK !
Il est intéressant de s’interroger sur la naissance des sentiments
de joie, de frustration ou de déception qui émergent au terme d’une opposition.
Leur niveau est bien évidemment toujours lié au niveau des attentes initiales.
Ainsi, si l’on avait annoncé à un supporter français, avant le match, que son
équipe perdrait aux tirs au but, sa déception aurait certainement été énorme tant
la confiance en ses bleus d’apposer une troisième étoile à son maillot était
grande. Et qu’en aurait-il été si on lui avait dit à la 75ème minute
du match, alors que son équipe était menée (2-0) et tellement malmenée, que ses
coqs reviendraient au score à 3 buts partout à la fin des prolongations ?
Il aurait été heureux de savoir qu’il avait pu rattraper son retard sans bien
sûr en connaître l’issue finale.
La notion de frustration relative née en sociologie nous fait
comprendre un autre phénomène, notamment qu’il est beaucoup plus difficile à
vivre de perdre de peu que de perdre largement car le fait de toucher le
rêve du doigt vous le rend accessible, vous donne l’eau à la bouche alors qu’en
perdant largement, son caractère inaccessible réduit la douleur de la défaite. Il
en est de même en ce qui concerne la joie et celle des argentins a certainement
été décuplée par la difficulté à conquérir ce titre au terme de ce match épique.
Comme quoi, la valeur de chaque chose est relative.
Une autre manière d’écrire « qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » !
Benoît YOU